Jeudi, 06 Novembre 2014 11:47

«Hamma Hammami est Tunisien, Arabe, et Musulman. Je suis fier de mes origines. Je suis fier de l’Histoire de mon pays. Je suis fier de l’Histoire de la Nation Arabe. Je suis fier de l’Histoire de la Nation Islamique». Et c’est le leader de la gauche tunisienne qui le clame, lui-même, dans l’une des ces envolées lyriques dont il a le secret.

C’est dire qu’il n’esquivera pas la sacro-sainte question identitaire. Ennahdha n’avait déjà plus le monopole de la bonne parole depuis que Caid Essebsi émaille ses discours de citations du Coran. Et voici que Hamma Hammami, si souvent accusé d’athéisme par ses détracteurs, scande à son tour «l’amour et le respect» qu’il voue au Prophète. De quoi donner le tournis aux médias étrangers et en particulier français, prompts à vouloir transposer leur grille de lecture au contexte tunisien, en cherchant à tout prix le chevalier de la laïcité échevelée. Affaire classée, le clou est enfoncé.

Et c’est un Hamma calme et sûr de lui, dûment cravaté, (déjà) sanglé dans un costume présidentiel,  qui est ainsi apparu aux Tunisiens dans la soirée du mercredi 5 novembre sur Nessma TV. Martelant ses revendications de toujours : la justice sociale pour laquelle tout un pays s’est élevé, du 17 décembre 2010 au 14 janvier 2011, avant que le vent de la révolte ne soit détourné.

A ses adversaires qui agitent le spectre gauchiste, le présidentiable du Front Populaire se veut rassembleur et rétorque qu’il ne s’agira nullement de nationaliser à tous crins, mais de faire respecter la souveraineté nationale, de défendre la dignité des citoyens frappés de plein fouet par la crise, le chômage, et la pauvreté. Des promesses électorales qui n’engagent que ceux y croient ? Peut-être.

Pourtant, au Brésil, le président Lula, issu du même horizon socialisant que notre Hamma national, a fait tomber le taux de pauvreté à 23 % en 2008 alors qu’elle frappait plus de 40 % de la population. Le journal «Le Monde», peu suspect de sympathies communistes souligne que «pour la première fois de son histoire, le Brésil est devenu un pays de classes moyennes, qui sont passées de 30,9 % de la population en 1993 à 42,3 % en 2004 et 51,9 % en 2008».

La Bolivie, comparable à la Tunisie de par sa population de 10,5 millions d’habitants, a vu son PIB multiplié par trois en huit ans, et le taux d’extrême pauvreté baisser de 38 % à 21 % en 2012. Une performance remarquable réalisée sous la présidence progressiste d’Evo Morales.

Des exemples qui devraient d’autant plus intéresser les Tunisiens que plus de 24,7% de nos concitoyens vivent sous le seuil de pauvreté, sans que nos partis de droite conservatrice ou libérale n’en fassent une priorité. Avec son nouveau discours plus apaisé, Hamma Hammami saurait-il enfin toucher nos classes moyennes laminées ?

Moez El Kahlaoui

«Hamma Hammami est Tunisien, Arabe, et Musulman»
Bannière
Bannière

Annonces

Suivez-nous !

MagZik

Top 5 de la semaine

    Vos amis apprécient...

    You are here: