Vendredi, 12 Décembre 2014 11:14

La fameuse insulte dument filmé qui a fait fureur sur les réseaux sociaux n’est pas un cas isolé. De graves atteintes à la liberté d'expression continuent d'émailler la campagne électorale menée par Caid Essebi. Sans que les ténors de la presse tunisienne ne jugent nécessaire de s’élever contre ces agissements.

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L’écrasante majorité des médias tunisiens semblent particulièrement apprécier Béji Caid Essebsi, paré de toutes les qualités. Les journalistes ne tarissent pas d’éloges sur ce «beldi au teint clair et aux yeux bleus», pour reprendre les qualificatifs alignés dans un article dithyrambique publié dans «Jeune Afrique». Sauf qu’à en croire le dernier communiqué publié le jeudi 11 décembre par le Centre de Tunis pour la Liberté de la Presse (CTLP), cet amour n’est pas partagé. Pis : Caid Essebsi et son équipe de campagne multiplient les actes d’hostilité, et même les agressions envers les représentants de la profession.  

La fameuse insulte dument filmée qui a fait fureur sur les réseaux sociaux n’est donc pas un cas isolé. De graves dépassements ont été relevés lors de la visite organisée par Caid Essebi au mausolée de Sidi Belhassen, à Tunis, le mercredi 10 décembre.

Amira Mohamed de Mosaique FM affirme ainsi dans le communiqué du CTLP : «la responsable de l’information du candidat a exigé que l’on ne pose pas de questions en dehors du cadre de l’événement, nous assurant que nous aurions une déclaration à la fin de la visite». Mais la promesse n’a pas été tenue. La journaliste précise qu’après, «le staff assurant la sécurité de Caid Essebsi nous a poussés et nous a éloignés».

Selon le CTLP, d’autres journalistes, encore, ont été empêchés d’exercer leur métier par l’équipe du leader de Nida Tounes, le mercredi dernier. C’est le cas d’Afef Boubakri de la chaîne nationale tunisienne «Al Watanya », Saida Trabelsi d’Ettounissia, le cameraman de cette même station Ahmed Souid.

Les correspondants de chaînes internationales recevront le même traitement. Olfa Ben Chaâbane et d’Abdelhamid Amri de BBC Arabic, Fethi Jouini de «Al Alam», Bilal Mabrouk de «Al Mayadeen», connaîtront les mêmes difficultés.

De son côté, le journaliste irakien Rachid Jarray, correspondant de la chaîne «El Ahd» affirme avoir été bousculé, poussé au niveau de sa poitrine, puis de son visage par le service chargé de la protection de Caid Essebsi. Parce qu’il a voulu faire son travail, en tentant d’obtenir une déclaration du candidat au deuxième tour des élections présidentielles tunisiennes.

Ces multiples dépassements seraient-ils uniquement suscités par la tension précédant les élections ? Pas si sûr. Le 13 juillet 2011, alors qu’il occupait encore le poste de chef du gouvernement, Caid Essebsi avait déjà pris à partie publiquement la journaliste d’Al Watanya, Naima Abdallah Jouini. Celle-ci n’aura pas droit à une réponse à la question qu’elle a eu l’outrecuidance de poser, mais à une agressive réaction de la part du ministre de transition. Nous sommes donc bien dans la continuité. 

Ainsi, lors de l’événement qui a eu lieu le mardi 9 décembre au café-théâtre de l’Etoile du nord, à Tunis, la présence des journalistes n’a pas été souhaitée. Selon des témoignages diffusés sur les réseaux sociaux, les téléphones portables des jeunes présents triés sur le volet ont même été saisis à l’entrée, pour éviter qu’ils ne prennent des photos ou des enregistrements vidéos non-contrôlés.

Parce que l’entourage immédiat du prétendant à la présidence semble vouloir garder  la haute main sur l’image de son candidat. Sans que les ténors de la presse tunisienne ne jugent pour autant nécessaire de s’élever contre ces agissements répétés.

Seulement, les citoyens tunisiens sont en droit d’exiger les informations les plus complètes possibles sur un homme qui se porte candidat aux plus hautes fonctions de la République. La liberté d’expression est l’un des rares acquis de la Révolution Tunisienne. Serait-elle désormais menacée ?

Moez El Kahlaoui

Caid Essebsi, contre la liberté d’expression ?
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