Mercredi, 24 Août 2011 12:31

ben ali electionsL’Instance Supérieure Indépendante pour les Elections vient d’annoncer que les listes électorales seront mises en ligne. Mieux : elle a même dénoncé publiquement les 118 morts qui comptaient se glisser parmi les vivants dans les bureaux de vote.

Les contrevenants, qui se sont présentés aux guichets d’inscription avec les cartes d’identité de personnes décédées, se sont inscrits durant la première période qui courrait du 11 juillet au 14 août. L’Instance prendra les mesures nécessaires à l’encontre de ces «fantômes» qui comptaient hanter les élections.

Les Tunisiens ne pourront donc sûrement pas reprocher à l’instance dirigée par Kamel Jendoubi son manque de vigilance ou de réactivité.  Ainsi, un centre d’appel destiné à répondre aux questions des citoyens sur les élections a été mis en place. En ce mois de Ramadan, les Tunisiens pourront donc poser les questions qui les préoccupent (numéro de tél : 1814) du lundi au samedi (de 07h30 à 15h00), et même le dimanche (de 09h00 à 13h00).
Spots publicitaires à la télé, encarts dans les journaux papiers, bannières sur les principaux supports électroniques du pays, et même autocollants d’un éclatant rouge sang pour récompenser les inscrits, rien n’a été épargné pour faire de ses élections une réussite. Mais visiblement, le spectre du Benalisme continue de planer sur la Tunisie, et sur ses premières élections .

Hésitations et approximations
Devant le faible taux d’inscription des Tunisiens durant la période du 11 juillet au 2 août, le délai a ainsi été repoussé jusqu’au 14 août. Or M. Kamel Jendoubi attendra les derniers jours, pour rappeler une vérité première : les non-inscrits pourront tout de même voter. Sauf  ils n’auront pas le choix de l’endroit, et seront obligés de remplir leur devoir électoral dans le bureau le plus proche de leur domicile dont l’adresse est mentionnée sur la carte d’identité nationale.
Or la plupart des citoyens qui se sont inscrits, auront constaté que l’opération d’enregistrement sur les listes électorales en faisant mention du bureau dans lequel le citoyen choisit de voter ne prend que 5 minutes au grand maximum, sauf en cas de grandes bousculades. Des bousculades qui n’ont du reste été réellement constatées que pour la dernière journée, celle du 14 août, et seulement dans quelques bureaux disséminés sur le territoire de la République. Et encore. Même dans ces cas précis, le temps d’attente est passé essentiellement à faire la queue et en aucun cas dans les formalités d’enregistrement proprement dites. De nombreux  internautes, sensibles à la campagne «ana qaiet», auront d’ailleurs rapporté, pour encourager leurs concitoyens à aller s’inscrire, que l’opération ne prenait que deux petites minutes.

Mais alors ? Cette même procédure n’aurait-elle pas pu s’effectuer le 23 octobre 2011, c’est-à-dire le jour même des élections ? Qu’est-ce qui empêche réellement tous les citoyens inscrits ou pas, de voter dans les lieux de leur choix ? Craignait-on que quelques bureaux ne se fassent envahir par des citoyens décidés à voter dans un lieu en particulier ? Une hypothèse plutôt absurde, et qui ne résiste pas à une analyse sommaire. S’agissait-il alors principalement de mobiliser la population ? De réaliser une grande campagne de communication pour sensibiliser les Tunisiens à l’importance des élections ? Une ambition légitime. Mais l’intérêt de nos citoyens n’est pas seulement tributaire de l’action de l’ISIE.

Les partis politiques, ne jouent pas tous la carte de la transparence. La sphère médiatique, mise en place par le système Abdelwahab Abdallah, a bien du mal de se débarrasser des vieux réflexes.  Et le gouvernement de transition semble pour le moins, lent à la détente. Autant d'éléments qui ne pouvaient favoriser un engouement sans précédent pour les élections. Il ne manquait plus que ces 118 spectres pour la cerise sur le gâteau que d'aucuns rêvent déjà de se le partager.
Mais qu’on ne s’y trompe pas. Les élections du 23 octobre revêtent une importance primordiale dans l’histoire de la Tunisie. Il s’agit véritablement de la première fois que les Tunisiens eux-mêmes choisiront librement et en toute conscience leurs dirigeants et leur système de gouvernement. Ces pour ces mêmes raisons que les atermoiements, les hésitations, et les imprécisions sont particulièrement malvenues. La chasse aux fantômes du Benalisme n'en devient que plus urgente.

Marwene El Gabsi

 

 

Les élections tunisiennes et les 118 fantômes de Ben Ali
Bannière
Bannière

Annonces

Suivez-nous !

MagZik

Top 5 de la semaine

    Vos amis apprécient...

    You are here: