Samedi, 03 Septembre 2011 12:27

rached ghannouchi «Je suis certes sorti des archives, mais Rached Ghannouchi aussi. On n’était juste pas dans la même boîte». C’est ainsi que Béji Caied Essebsi, le premier ministre du gouvernement de transition a mis en boîte le leader du parti Ennahdha, dans son discours d’investiture. Des traits d’humour acéré, qui portent la marque de fabrique du sémillant octogénaire.

Et l’éloquence et le talent oratoire de l’homme ne sauraient cacher une vérité première : si les rapports entre le gouvernement de transition et Ennahdha peuvent paraître décomplexées, un fond de suspicion demeure. Et ce ne sont pas les récentes déclarations des uns et des autres qui vont apaiser leurs relations.

Et voici que Caied Essebsi revient à la charge : «Ennahdha n’obtiendra pas plus de 20% de voix dans les prochaines élections de l’Assemblée Constituante». C’est ce qu’il déclare dans une interview publiée dans l’édition du 30 août, du journal «Al Sharq al Awsat». 20% au maximum, précise même le premier ministre, et ce, malgré les quelques sondages qui attribuaient au parti d’inspiration islamique plus de 35% des voix.

Rached Ghannouchi, lui, ne l’entend certainement pas de cette oreille. Le co-fondateur d’Ennahdha (avec Abdelfattah Mourou qui a fini par aller voir ailleurs), se targue de rassembler pas moins d’un million de militants au sein de son parti. Mieux : dans un passage à Al Jazira daté du vendredi 2 septembre, il présente Samir Dilou, membre du bureau politique d’Ennahdha, comme le futur ministre des Affaires Etrangères. En d’autres termes, pour le Cheikh, n’a aucun doute sur le résultat des prochaines élections. 

Caied Essebsi, a été l’un des piliers du bourguibisme. Et sa fidélité à la mémoire de Habib Bourguiba, n’a pas faibli avec les années, comme l’atteste son dernier ouvrage, «Le bon grain et l’ivraie». Un livre qui a été d’ailleurs l’un des rares succès de librairie dans la Tunisie d’avant le 14 janvier. Dans le bouquin en question, Essebsi appelle notamment à remettre les pendules à l’heure et au retour de la statue équestre du «Combattant Suprême» au centre ville de Tunis. Histoire de déboulonner l’horloge novembriste, sans doute. Mais aussi pour remettre au goût du jour, certains principes de gouvernement.

Or Bourguiba, aussi éclairé soit-il, a été l’un des premiers adversaires déclarés des mouvements islamisants. Et ce n’est pas le verre d’orangeade bu publiquement par le «Combattant Suprême» en plein mois de Ramadan qui aura arrangé les choses. Même si la carte religieuse a été clairement  jouée pour contrecarrer l’extension du gauchisme. Et même si les discours de Caied Essebsi sont truffés de citations coraniques, il n’a pas beaucoup de sympathie pour les mouvements d’obédience religieuse.

Les 20% que Caied Essebsi attribue à Ennahdha aux élections n’ont pas échappé aux commentateurs du camp islamisant. Ainsi, la très influente Soumaya Ghannouchi met en garde contre les possibles manipulations. Reste donc à considérer l’analyse de Essebsi, des forces politiques en présence sur la scène tunisienne à cette aune. Le Premier Ministre est-il objectif, ou se permet-il un coup de griffe à l’encontre d’Ennahdha… parce qu’il n’est pas sorti de la même boîte?

Marwene El Gabsi

Les 20% d’Ennahdha et la boîte de Caied Essebsi
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